Le 3 mai 2025, le Gabon a officiellement tourné une page de son histoire avec l’investiture de Brice Clotaire Oligui Nguema, élu président après une transition de près de vingt mois. Cet événement, qui s’est déroulé au stade d’Angondjé, a marqué une rupture avec les traditions protocolaires habituelles, symbolisant une volonté d’ouverture et de proximité avec le peuple. Après plus de quatre décennies entièrement contrôlées par la même famille, le pays se fixe d’autres objectifs avec une nouvelle énergie politique.
Contrairement aux précédentes cérémonies présidentielles qui se tenaient au Palais du Bord de Mer, Oligui Nguema a choisi un lieu emblématique pour son investiture : le stade d’Angondjé, où près de 40 000 personnes étaient réunies. Ce choix traduit une volonté de rompre avec les pratiques du passé et d’inscrire son mandat sous le signe du renouveau démocratique. Hors du cadre traditionnel, il était question d’avoir une véritable communion avec le peuple qui a tenu à marquer d’une pierre précieuse cet instant important la vie de la nation gabonaise.
Élu avec 94,85 % des suffrages lors du scrutin du 12 avril 2025, Oligui Nguema incarne une aspiration populaire à un changement profond. Son investiture marque également l’entrée du Gabon dans la 5ᵉ République, instaurée par la nouvelle constitution adoptée en Novembre 2024. Cette transition politique, amorcée après la destitution d’Ali Bongo en Août 2023, ouvre une période de reconstruction institutionnelle et de refondation des principes de gouvernance.
Les défis du nouveau président
Si cette investiture est porteuse d’espoir, elle s’accompagne de défis majeurs. Parmi les priorités du nouveau président figurent :
- La relance économique qui assurera la diversification d’une économie trop dépendante du pétrole et la stimulation de l’emploi est une priorité ;
- La lutte contre la corruption permettra la restauration de la confiance dans les institutions et permettra de garantir une gouvernance transparente afin d’atteindre les objectifs d’émergence projetée depuis belle lurette ;
- La réforme des institutions apportera une certaine assurance d’ une transition législative efficace avant les prochaines élections parlementaires et elle renforcera la légitimité d’un pouvoir qui aura pris la pleine mesure des enjeux politiques et géopolitiques.

La cérémonie a réuni 16 chefs d’État africains, témoignant de l’importance régionale de cette transition. Le Gabon, acteur clé de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), cherche à renforcer ses alliances diplomatiques et économiques. La présence de délégations étrangères souligne l’intérêt porté à cette nouvelle dynamique politique.
Si l’élection de Brice Clotaire Oligui Nguema a été marquée par un plébiscite massif, certains analystes soulignent la nécessité de garantir une gouvernance inclusive pour éviter toute suspicion d’hégémonie politique. Son discours d’investiture a mis l’accent sur la mémoire des pères fondateurs du Gabon et la nécessité de bâtir un État fondé sur la justice et la transparence. On attend aussi voir la réaction du nouveau président face au réveil des peuples africains francophones qui ont décidé de marquer une certaine rupture avec la politique paternaliste et colonialiste de la France et ses alliés occidentaux. Que fera t’il des accords coloniaux ? les maintiendra t’il ? Où va t’il ramer à contre courant des aspirations profondes de l’ensemble des peuples noirs qui ont décidé de ne plus recevoir de dictats sous forme d’ingérence caractérisée ? Le Gabon est-il déjà prêt à marquer une rupture totale avec l’ordre colonial à l’exemple du Burkina Faso, du Mali et du Niger ? on attend de voir comment se comportera le nouveau chef d’état vis à vis des aspirations profondes des peuples noirs d’Afrique centrale.